Sunday Nail Battle - 50... raisons de dire non...

Bonjour!! Nous sommes dimanche, et vous savez ce que ça veut dire! Je ne pensais pas participer à cette bataille, avant tout pour des questions de temps, et en plus parce que le thème ne m'inspirait pas du tout. Cela ne devrait pas être une surprise, vous avez lu il y a deux semaines ma diatribe sur Twilight, et cette semaine, la SNB nous inflige une autre catastrophe littéraire en guise de thème, 50 Shades of Grey. Tout comme Twilight (dont j'ai subi un film), je me suis renseignée sur le "phénomène" pour me faire une opinion, et je dois dire que ces deux  liens résument assez bien ce que j'en pense... D'aucuns diront que je peut être choquée par ce livre car je suis prude, je vous rassure, il n'en est rien: je n'ai pas besoin d'un roman pour savoir ce que sont les boules de geisha, ma première visite dans un sex-shop remonte à de nombreuses années, j'en connais plus sur le SM que pas mal de gens, et c'est d'ailleurs un milieu qui surprendrait beaucoup les nanas qui pensent que Fifty Shades parle de SM, parce qu'on est bien loin dans le roman du profond respect entre partenaires qui est rigueur dans la réalité.

Que le pays qui a été le berceau du Marquis de Sade et de Choderlos de Laclos puisse s'émouvoir pour une telle merde me déprime profondément, et j'aurais pu me contenter d'un petit pamphlet à l'égard de ce livre comme j'ai fait pour Twilight. Et pourtant...

 

... j'ai décidé de participer à cette SNB, car au-delà du fait que ce livre est mal écrit et que son histoire est sans grand intérêt, il m'a mise mal à l'aise et je voulais vous expliquer pourquoi. 

Une fois dans ma vie, il y a de nombreuses années, j'ai rencontré un Christian Grey. Non, pas un mec super riche qui mesurait son sex-appeal au nombre de zéro sur son compte en banque, qui était adepte de l'achat de faveurs sexuelles sur fond contractuel et dont l'appendice l'apparentait à un équidé. Non, j'ai rencontré un homme qui se plaisait à prendre l'ascendant sur les femmes, à les manipuler pour leur faire croire que la seule appréciation de leur valeur était celle qu'il leur donnait. On appelle ces hommes des pervers narcissiques et malheureusement, ils sont nombreux. Bien sûr, il existe différents degrés, mais toute relation humaine saine se joue sur le respect et l'égalité des forces, sur l'équilibre. Chacun a droit à ses moments de faiblesse, d'abandon, mais tout se joue dans l'équilibre et dans la confiance. Pas dans le fait de voir sa journée gâchée parce qu'une seule personne vous a dit "Je ne comprendrais jamais qu'on puisse s'acheter une robe qui ressemble à un tablier de cuisine, mais bon, ça doit être un truc de fille", alors que vous, vous étiez super fière de votre robe et vous vous trouviez jolie. 

Personne n'a le droit de vous dire cela, ou d'autres choses du même style qui visent à vous rabaisser, vous humilier, vous faire croire que vous êtes une merde mais que vous serez une déesse si jamais lui vous le dit, que chacun des "tu ne dois pas avoir honte que ta meilleure amie soit une conne" n'est pas grave car il s'accompagne d'un "ce qui compte c'est que tu aies d'autres personnes dans ta vie comme moi, et que moi je t'aime".  C'est pour cela que les histoires "d'amour" à la Twilight, à la 50 Shades me débectent, ce n'est pas de l'amour et nous valons toutes mieux que ça.

 

J'ai réussi à me sortir des griffes de ce connard, parce qu'un jour il est allé trop loin (non, aucune violence physique ni aucune demande sexuelle qui dépassait les bornes, dieu merci), mais j'y ai perdu une amie qui elle s'est laissée prendre, et je connais plusieurs autres femmes qui ont succombé à ce genre d'homme et qui sont maintenant coincées matériellement avec eux, sans aucune chance d'en sortir. Un homme qui aime est un homme qui respecte, qui ne cherchera pas à vous changer ("ça t'irait bien telle couleur de cheveux, j'ai toujours adoré les femmes aux cheveux de cette couleur-là), à changer vos goûts ("nan parce que c'est mignon là ce que tu écoutes/lis, mais essaie ça, c'est beaucoup mieux, ça te correspond plus"), qui n'essaiera pas de vous couper de vos amis ("ah, tu as prévu de voir machine? dommage, je voulais t'emmener dîner... non, non, je ne vous rejoins pas, tu sais, je l'aime bien ta copine, mais à petite dose, on n'a quand même pas grand-chose en commun") etc, etc. Briser la chaîne avant de se retrouver seule et isolée est difficile, mais vital.

 

Aujourd'hui, 25 novembre, c'est la journée internationale contre les violences faites aux femmes, et avant les coups, avant le viol, il y a la violence mentale et le fait de croire qu'une relation perverse, où on a constamment peur de perdre l'autre et donc de perdre tout ce qui fait sa propre valeur, où l'on ne se sent jamais apaisée, en sécurité, en confiance, ça peut être de l'amour. Je suis désolée d'avoir transformée la SNB en sujet aussi grave, l'ironie de mettre à l'honneur Fifty Shades of Grey en ce jour précis était trop énorme pour la laisser passer, et si les livres peuvent changer le monde, je n'aime pas vivre dans un monde où ce livre devient un best-seller et la référence de millions de femmes.
Pour celles qui auraient encore des doutes sur les dérives d'une relation telle que décrite dans le livre, je vous invite à regarder l'épisode d'Esprits Criminels qui sera diffusé normalement le 5 décembre sur TF1 et qui s'intitule "La Compagnie".

EDIT: je précise à toutes fins utiles, qu'évidemment je n'ai jamais pensé une seconde qu'Odile et Andreia avaient fait EXPRES de programmer cette SNB le 25 novembre. Ce serait faire preuve d'un raisonnement vraiment tordu dont je les sais incapables, d'autant plus qu'Andreia ne partageant pas mon opinion sur le livre, elle ne pouvait pas faire le lien. C'est simplement une coïncidence dont j'ai profité pour aborder un sujet qui me touche. Je rappelle également que j'ai exprimé ici mon opinion, forcément subjective, ni meilleure ni pire que n'importe quelle autre. Enfin si, concernant les "qualités littéraires" du  livre, ça fait partie de mon travail d'en juger, mais là dessus, tout le monde est à peu près unanime!