Beautiful Stranger

So, as I said the other day, no English today, at least not for the moment.

Cela fait quelques temps que j'ai envie d'écrire sur moi, ne serait-ce que pour mettre de l'ordre dans mes idées. Je n'aurais sans doute pas osé parler de moi si je n'avais pas vu récemment sur la blogo les "confessions" de Stéphanie ou Tête de Thon, simplement parce que je ne pensais pas que ça intéresserait quelqu'un (oui, je sais, on fait un blog pour soi, mais bon, si je veux écrire des trucs juste pour moi, je fais un journal intime), mais surtout parce que mon point de vue ne va pas dans le sens du discours ambiant. Bref, j'me lance, et on verra bien.

La plupart des gens qui ne me connaissent que par internet ne savent pas à quoi je ressemble car je ne poste jamais de photos de moi, que ce soit sur Facebook ou ailleurs. La conclusion logique serait de dire que je suis mal dans ma peau et que je ne supporte pas mon image, mais c'est loin d'être aussi simple. Je vais essayer de vous résumer les choses pour éviter le 3615MYLIFE en 300 pages.

La Lélie qui vous écrit aujourd'hui en quelques chiffres: 1,63 (m), 88 (kgs), 46/48 (taille de vêtements), 110F (taille de lingerie). Il y a trois ans, cette même Lélie faisait 125kgs et souffrait d'hyperphagie, en réaction à tout un paquet de problèmes sur lesquels je ne vais pas m'attarder. Mais le 29 juin 2009, je me foutais complètement de peser 125kgs lorsque je me tenai dans ma jupe noir, haut fuchsia et talons hauts (fuchsia et violet, des chaussures sublimes!!) alors que de doctes Professeurs me déclaraient dignes du rang de Docteur es Lettres en études médiévales anglaises avec mention très honorable et félicitations du jury. Ce jour-là, la Lélie ado qui rêvait de pouvoir un jour travailler sur Tolkien et la littérature médiévale a enfin accepté qu'elle avait le droit d'exister. Et elle constaté qu'elle était prisonnière d'un costume de gras. Vous savez, comme dans les séries où ils veulent montrer la transformation d'une actrice, genre Monica dans Friends. Ben pareil, sauf que là, c'était beaucoup moins simple à enlever. J'ai cru que comme j'avais réglé pas mal de choses dans ma p'tite tête de Lélie, le reste suivrait facilement. C'était sans compter tout le mal que j'avais infligé à mon corps pendant des années et c'est pourquoi trois ans après, il me reste encore pas mal de boulot.

Mais surtout, je me suis beaucoup posé la question de pourquoi je voulais perdre du poids et retrouver "ma" silhouette (loin de la taille mannequin, mon poids idéal étant 67kgs, à la limite de la case "normale" de l'IMC), comment je me situai dans un discours ambiant qui disait qu'il fallait "s'assumer, vivre ses formes". Après tout, est-ce que j'avais bien tout réglé avec mon passé et mes démons ou est-ce que c'était leur donner raison que de vouloir me torturer dans l'autre sens? 

J'ai un aveu à faire, qui peut paraître arrogant, mais c'est comme ça. Je suis belle. Comme je suis, là, maintenant, avec ma taille 48. Aucun besoin pour moi d'aller chez William Carnimola (dont je suis fan!), je regarde mon corps dans la glace, j'ai de la jolie lingerie assortie et si je fais un effort (oui, parce que bon, en jogging et pas coiffée, j'suis pas top, normal), je peux, avec un petit budget, être canon. Je sais quelles formes de fringues me vont et me mettent en valeur, je sais me maquiller, j'adore mettre des jupes et des talons, et je suis la conseillère beauté/look/shopping de pas mal de mes copines (et même de ma mère!). 

Le problème n'est pas là, il est simplement que cette belle nana dans le miroir, ce n'est pas moi. Je me sens comme Sam Beckett dans Code Quantum, il ne s'agit pas de savoir si le reflet me plaît ou pas, c'est juste qu'il m'est étranger.

J'étais très heureuse de lire les messages de Stéphanie et Tête de Thon dans lesquels elles refusaient "d'assumer leurs rondeurs": toutes les rondes ne sont pas des militantes pour la cause du surpoids, on n'est pas rond par "choix social", et je déteste la récupération médiatique et commerciale du problème qui a lieu de nos jours. Chaque individu a sa propre histoire et n'a de compte à rendre qu'à lui-même. Je veux perdre du poids pas pour régler des comptes avec des gens ou évènements de mon passé, pas pour rentrer dans la norme (je n'y ai jamais été de toutes façons, rien à voir avec la silhouette), pas pour oublier les moments difficiles, mais pour me retrouver et pouvoir exprimer qui je suis vraiment par mon reflet extérieur. Ce n'est pas facile, car j'ai une fâcheuse tendance à me faire du mal et que quand j'ai passé une mauvaise journée, je n'ai pas seulement envie de manger autre chose que ce que mon régime autorise (régime dont je ne parlerai pas, car comme pour le reste, j'estime que c'est à chacun de trouver sa méthode), mais de me faire péter le bide en avalant un saucisson entier avec trois baguettes de pain suivis de 400g de fromage et d'une tablette de chocolat. Si vous sentez à travers le blog des baisses de moral, des moments grumpy, c'est en général lié à tout ça (y'a pas que ça, mais ça joue...) Mais je sais que j'y arriverai, j'espère d'ici quelques mois car j'ai quelques évènements importants prévus pour l'automne et pour une fois, j'aimerais ne pas éviter les appareils photos qui immortaliseront une fois de plus cette belle inconnue...

Alors il est possible que je reparle de ça de temps en temps, et si ça vous gonfle, je m'en excuse d'avance... Comme dirait un de mes fantasmes ambulants Adam Copeland, "Decide who you wanna be and go be it".